Outils, techniques et compétences requises
Même s’il peut arriver qu’un.e artiste soit mandaté.e spécifiquement pour sa touche personnelle, dans la majorité des cas, les réalisateur.ices cherchent une personne capable de polyvalence dans différents styles musicaux. Néanmoins, être déjà établi.e et reconnu.e comme artiste venant des musiques actuelles, peut aider à créer un lien de confiance. Or, cet avantage ne peut être exploité indéfiniment. Il est donc important, au-delà des expériences passées, de se préparer pour assumer ce nouveau rôle de compositeur.ice pour la musique à l’image.
« Il faut être un véritable jukebox humain ». Arnaud Sponar
La plupart du temps, les productions n’engageront pas un studio externe pour le mixage et le mastering. Il peut être attendu de l’artiste engagé.e de remplir ces tâches. C’est un travail qui demande de s’impliquer dans de multiples domaines, de s’équiper du matériel nécessaire pour être autonome.
Pour s’entraîner, les artistes consulté.es conseillent, soit de reproduire, soit de créer une nouvelle musique pour une publicité ou une scène de film existante. Cet exercice permet de comparer sa musique avec celle faite par d’autres professionnel.les. Il permet aussi d’identifier les éléments, performances personnelles ou matériel qui requièrent encore du travail pour atteindre un niveau de qualité satisfaisant. Cela offre aussi la possibilité de créer un portfolio « démo » lorsqu’aucun mandat n’a encore été obtenu. Un tel portfolio implique toutefois que la musique n’est pas originale et que les droits ne permettent pas une diffusion publique. Il est donc essentiel d’en informer clairement les destinataires.
Pour se former, il peut être intéressant de participer à des conférences, des workshops ou à des évènements proposés par des festivals. Des vidéos, masterclass et tutoriels en ligne peuvent également représenter une base de formation.
Dans l’ensemble, c’est un travail qui nécessite une grande flexibilité et le degré de liberté dépend des producteur.ices. Il faut pouvoir composer avec différentes idées. Il est fréquent de présenter sa musique à un stade précoce de création. Une constante communication avec la production est nécessaire et l’accueil de la critique indispensable.
“On doit accepter qu’on travaille pour un objectif commun dans lequel tout le monde doit être satisfait. C’est beau d’être au service d’un projet commun avec des visions partagées, et des visions différentes qui viennent toutes se mettre sur la même œuvre. Il faut pouvoir être ultra disponible, flexible, savoir accepter la critique et avoir de la patience.C’est un apprentissage qui est infini.” SANDOR
“Pour un projet, j’ai écouté des milliers de jingles de marques, juste pour être sûre de ne pasfaire quelque chose qui existe déjà” SANDOR
Temporalités
Les temporalités et budgets sont variables d’un projet à l’autre et d’un domaine à l’autre.
« La musique à l’image arrive souvent au bout de la chaîne de post-production, surtout dans la publicité, où les délais sont particulièrement serrés. Il est donc essentiel de savoir composer vite et de s’adapter aux contraintes de dernière minute.” Jean-Loup Bernet
Au cinéma, le temps disponible est certes plus important, mais il reste généralement limité, car les échéances musique se rapprochent souvent de la fin du projet.
En documentaire, l’écriture se fait généralement durant le montage et le projet peut prendre une direction très différente que ce qui avait été initialement imaginé. Il faut donc pouvoir travailler avec les changements en cours. Il est essentiel de savoir organiser son travail afin d’investir son temps et son énergie au moment le plus opportun.
Réseautage et insertion professionnelle
Le domaine de la musique à l’image repose fortement sur les liens sociaux et professionnels. Pour obtenir des contrats, il est donc fondamental de se constituer un bon réseau et de soigner ses relations.
Disposer d’un solide réseau de musicien.nes est un véritable atout. Lorsqu’un projet requiert un son ou un instrument qu’on ne maîtrise pas, ce réseau permet de trouver rapidement la bonne personne pour répondre aux besoins, qu’il s’agisse d’une pub, d’une série ou d’un film.
Se faire accompagner et être présenté.e dans des événements peut faciliter l’introduction auprès des autres professionnel.les.
Se renseigner sur les participant.es aux événements (fonctions, travaux, projets en cours et à venir, etc.) permet de comprendre les enjeux et de cibler son action lors des rencontres. Développer son réseau passe aussi par la discussion avec différentes personnes en apprenant à les connaître (sans forcément essayer de se vendre).
Relation avec les réalisateur.ices
Rencontrer des personnes durant des festivals et autres évènements professionnels ne donnera pas nécessairement lieu à des collaborations immédiates. En effet, plusieurs années peuvent s’écouler entre le début de l’écriture d’un film jusqu’à sa sortie. Il faut s’armer de patience et continuer à nourrir les relations avec les réalisateur.ices pour concrétise rune collaboration. Ce sont des relations qui, bien entretenues, porteront leurs fruits à long terme.
“Une personne qui met la couleur sonore de son projet entre les mains d’une tierce personne lui confie un objet sur lequel elle travaille depuis beaucoup de temps, parfois plusieurs années, elle doit donc se sentir en confiance.” - Maxime Steiner
L’intégration peut sembler difficile, car les réalisateur·ices privilégient souvent leurs collaborateurs habituels. Mais une fois sa place trouvée, un mandat en entraîne fréquemment d’autres, qu’il s’agisse du succès du projet ou d’une bonne collaboration.
“Etre très à l’écoute des souhaits des réalisateur.ices est essentiel. Quand on nous parle d’un projet, on peut avoir plein d’idées en tête mais il faut faire attention à écouter les intentions des réalisateur.ices car si ça ne correspond pas, on risque de devoir tout recommencer. Il faut pouvoir se mettre d’accord dès le départ, être ouvert.e d’esprit et faire des choses qu’on n’a pas forcément l’habitude de faire. C’est un travail très minutieux où il faut constamment modifier, affiner, ajuster jusqu’à la toute fin.” SANDOR
Savoir orienter son travail est un aspect central de la réussite en musique à l’image. Il est nécessaire de trouver un langage et des références communes, au travers d’un moodboard musical, par exemple, afin de vérifier que tout le monde comprenne les demandes et l’idée de la même manière.
Tarification et reconnaissance du travail
La musique à l’image constitue une discipline dont il ne faut pas sous-estimer l’importance. Il est essentiel de valoriser son travail au travers de tarifs réalistes, même au début de son activité. Lors des négociations, il est utile de garder en tête que la sous-facturation peut, à long terme, créer des attentes de rémunération inférieures à la valeur réelle du travail fourni, impactant l’ensemble de l’industrie. Composer pour l’image demande beaucoup d’allers-retours pour effectuer des modifications, parfois d’aller jusqu’au mixage et mastering, etc. Ainsi, l’estimation des heures de travail doit pouvoir prendre en compte l’ensemble des tâches nécessaires à l’élaboration d’un tarif adéquat.